lunes, 28 de mayo de 2007

El ejército turco, una potencia financiera e industrial


Le poids de l´armée turque tient aussi à la puissance financière autonome dont elle dispose. Elle possède en effet la troisième société holding du pays, l'OYAK (Mutuelle des forces armées), créée à l'époque du gouvernement militaire qui a fait suite au coup d'Etat de 1960. Elle est présente dans la métallurgie ou l'immobilier, la banque ou les supermarchés, la haute technologie ou le tourisme, etc. Parmi ses fleurons, des partenariats avec des sociétés étrangères comme Renault ou l'assureur Axa.
Ces activités permettent à un universitaire turc, Taha Parla, de critiquer l'Union européenne (UE) et son peu d'insistance, à s'intéresser à cet aspect central du rôle dominant des militaires dans la politique d'un pays qu'elle critique par ailleurs. L'armée est également liée, selon M. Parla, par le biais d'autres partenariats de l'OYAK, aux deux premières sociétés holdings du pays, celles des familles Koç et Sabanci. La nomination d'officiers à la retraite à des postes de direction de sociétés privées fait aussi partie de la tradition et renforce les liens entre armée et monde des affaires.
L'OYAK, qui repose sur une alliance des élites militaires, d'affaires et de la bureaucratie d'Etat, bénéficie de privilèges comme l'exemption d'impôts, l'organisme étant considéré comme un fonds de pension. Plus de 200 000 membres, tous militaires, lui reversent en outre 10 % de leurs salaires. Dirigé par un civil, son conseil d'administration accueille une majorité de militaires et son président est un général en retraite.
Deux autres fonds similaires, le SSDF (Fonds de soutien à l'industrie de défense) et le TSKGV (Fonds pour le renforcement des forces armées) sont encore plus privilégiés et alimentent un important fonds de réserve, qui échappe au contrôle du Parlement. Ce fonds est chargé de diminuer la dépendance du pays à l'égard de l'étranger en matière d'armement, qui reste pourtant forte. Même si la Turquie essaie de s'en dégager, comme en témoignent les actuels conflits à propos de la maîtrise des codes électroniques des F-16 américains, fabriqués sous licence par les usines de la TSKGV.
Sophie Shihab, Le Monde, 29.05.07.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-915846@51-895736,0.html
(en la imagen, Recep Tayyip Erdogan con el jefe del Ejército, Yasar Buyukanit)